Pourquoi dit-on Chocolatine à Toulouse ?

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Dans cet article, nous allons essayer d’éclaircir le mystère qui entoure l’appellation de cette viennoiserie célèbre à Toulouse, où l’on dit chocolatine et non pain au chocolat comme dans le reste de la France. Nous tenterons ainsi de répondre à la question : Pourquoi les Toulousains utilisent-ils le terme « chocolatine » plutôt que « pain au chocolat » ?

Un peu d’histoire sur la naissance des viennoiseries

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est crucial de connaître un peu l’histoire de la naissance des viennoiseries. En France, l’invention des viennoiseries remonterait au milieu du XIXe siècle, sous l’influence des boulangers autrichiens venus insuffler leurs techniques en matière de boulangerie à leurs homologues français.

C’est en particulier August Zang, un officier autrichien installé à Paris, qui est crédité comme étant celui à l’origine de la popularisation de ces pâtisseries. Il ouvre en 1839 sa boulangerie parisienne, où il vend des pains dits « de Vienne », fabriqués avec une méthode particulière où la levure est remplacée par du levain mélangé à de l’eau gazeuse.

L’origine possible du terme « chocolatine »

La dénomination de l’appellation

Même si les viennoiseries sont apparues au XIXe siècle en France, il est difficile de dater avec précision la naissance de la chocolatine. Plusieurs hypothèses artistiques sur son appellation et sa popularité sont évoquées dans le Sud-Ouest :

  • L’une des premières volontés lui attribuant une différentiation vient de la souhaitée conduite par leur création et ainsi distinguer ce produit des autres dans le domaine.
  • Une autre explication serait qu’à cette époque, les langues régionales étaient prépondérantes et influençaient énormément dans certains choix linguistiques pour nommer les produits issus du commerce. Le terme chocolatine aurait pu tirer ses traces du mot occitan « chicolata ».
  • D’autres sources suggèrent que l’origine serait due à un héritage des boulangers de la région lors de leur apprentissage du métier à l’étranger. Travaillant souvent loin de chez eux puis revenant pour transmettre leurs acquis, ils auraient intégré le patois local pour designer la viennoiserie qui rappelle la barre de chocolat fourrée.
© Mathieu Avanzi

Langue française et régionalismes

Ce type de différence entre « pain au chocolat » et « chocolatine » existe dans plusieurs domaines de vocabulaire « culinaire ». Par exemple, nous avons également deux termes différents pour désigner le célèbre gâteau aux fruits confits : en provençal, on parle de « gibassié », alors qu’en Lorraine, on utilise le terme « quiche ». Ainsi, il est donc possible que les différences de vocabulaire pour désigner certains aliments soient simplement le reflet des régionalismes et d’une histoire commune.

Le poids des traditions gastronomiques locales

Ce phénomène peut également s’expliquer en partie par l’attachement très fort des Occitans à leur patrimoine gastronomique, qui englobe aussi bien les spécialités salées (cassoulet, saucisse de Toulouse, garbure, etc.) que sucrées (pastis landais, canelés, macarons de Saint-Émilion, croustade aux pommes, etc.). Dans cette région où la tradition artisanale a longtemps été préservée, chaque famille avait souvent ses propres recettes et ses secrets de fabrication, transmis de génération en génération.

Aussi, l’utilisation du terme « chocolatine » dans le pays toulousain serait perçue comme une manière de revendiquer cet ancrage régional et de faire perdurer une tradition séculaire. En faisant le choix conscient d’appeler cette viennoiserie par un nom différent de celui utilisé dans la majorité du pays, les habitants de Toulouse rendraient ainsi hommage à leurs ancêtres boulangers et pâtissiers, ainsi qu’à ces racines gastronomiques si chères à leur cœur.

Pourquoi cela pourrait être un enjeu important pour les Toulousains ?

Loin d’être uniquement une querelle de clocher, la polémique autour de la chocolatine aurait ainsi permis d’interroger, en creux, l’identité toulousaine et les racines culturelles de cette région française si attachée à ses traditions gastronomiques. De fait, le terme « chocolatine » fonctionnerait comme un marqueur identitaire fort pour les Toulousains, véhiculant tout un pan de leur histoire et de leur patrimoine.

À l’heure où le monde est confronté à une uniformisation des cultures et dans un contexte français où l’érosion des langues régionales constitue un véritable défi, le maintien du terme « chocolatine » pourrait donc être perçu, par bien des égards, comme un acte de résistance, un moyen de préserver le passé et de faire valoir ce qui fait la spécificité – et la richesse – de la culture locale.

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